-
-
Opposition au franc CFA: "La monnaie, c’est une question de vie ou de mort".
Un nombre grandissant de pays africains veut se débarrasser de la tutelle du franc CFA. La France prétend lâcher du lest et laisser les pays d’Afrique choisir souverainement leur monnaie. Qu’en est-il vraiment? Un professeur malien répond à toutes nos interrogations.Sur les ondes de Sputnik Afrique, Oumar MC Koné, professeur titulaire et maître de conférences à l’Ecole nationale d’ingénieurs au Mali, analyse la situation du franc CFA, la remise en cause de ce système monétaire français ainsi que les options qui se présentent désormais aux pays le contestant."On est dans un processus irréversible. Moi, j'ai l'intime conviction que les Africains vont sortir du franc CFA et notamment les pays de l'Alliance des Etats du Sahel", indique d’abord M.Koné. "On est arrivé au bon moment, où les Africains n'en veulent plus. Et je pense que les Français même en sont conscients et beaucoup d'Européens."
"Avec le franc CFA, l'Afrique ne peut pas se développer. C'est une arnaque du siècle. [...] Vous évoquerez ce sujet avec tout économiste sérieux, on va vous répondre que c'est une arnaque, même amorale", précise le professeur."Depuis 1958, avec cette monnaie de servitude, après les indépendances dans les années 60, les pays africains n'ont jamais été en réalité indépendants. Chaque fois qu'il y a un dirigeant qui voulait changer de monnaie, ce dirigeant a eu tous les maux de la terre", rappelle Oumar MC Koné. "Certains ont été même assassinés."
"L'Afrique se réveille. L'Afrique va certainement se prendre en main et puis sortir de cet imbroglio monétaire", prédit-il. "On veut une monnaie africaine et une monnaie commune africaine."
2 commentaires -
Une petite entreprise contrainte de changer de nom pour ne pas faire d’ombre aux Jeux olympiques.
Les organisateurs des Jeux olympiques menacent une entreprise française située dans le Dunquerquois en raison de son nom, informe France Bleu. En effet, pour éviter selon eux de nuire au rayonnement de la compétition, elle doit changer de nom sous dix jours.
A Socx, une commune de l’arrondissement de Dunkerque d’environ 900 habitants, l’entreprise « Les Olympiades » est mise en péril pour son nom populaire. Elle doit alors sous dix jours changer de nom. Selon le Comité d'Organisation des Jeux olympiques et le Comité National Olympique du Sport Français, un tel nom d’entreprise pourrait porter atteinte aux Jeux olympiques. Selon eux, il s’agirait même d’une atteinte à la propriété intellectuelle.
L’actuel gérant, Guillaume Bourgeois, témoigne : « Ce qui nous est reproché, c'est que notre nom, les Olympiades, c'est la propriété intellectuelle des Jeux olympiques. Tous ces termes sont surprotégés ». Un aspect qu’il n’avait pas pris en compte au moment où il reprend l’entreprise en 2016, portant déjà ce nom.
La PME spécialisée dans l’équipement des clubs de sport de la région porterait alors atteinte à la propriété intellectuelle. Une erreur qui lui coûte cher. Pour se mettre en règles, il doit débourser la modique somme de 60 000 euros. En effet, pour que tout soit dans les clous, il lui faut « élaborer une nouvelle charte graphique, trouver un nouveau nom, payer une agence de communication, racheter un site, changer les enseignes, les véhicules » ou encore changer les panneaux présents dans les stades que l’entreprise sponsorise. Un branle-bas de combat dont le gérant se serait bien passé, avec un réel danger de « risque de dépôt de bilan ». Le gérant s’indigne d’une telle situation : « Évidemment qu'une société basée à Socx ne fait pas d'ombre aux Jeux olympiques ! ». Il serait même contraint d’emprunter pour permettre à son entreprise de vivre avec son nouveau nom.
Une situation absurde et précipitée, pour laquelle les représentants des organisateurs et son avocat tentent des négociations afin d’obtenir un délai supplémentaire permettant à l’entreprise de réaliser les démarches imposées.
Tandis qu’il lui faudrait au moins deux mois pour régulariser sa situation, le quartier parisien du XIIIe arrondissement, portant le même nom, n’est quant à lui pas contraint d’effectuer ce changement. Un parallèle qui souligne l’absurdité d’une telle décision soudaine, comme son injustice.
3 commentaires -
-
Dissolution : un beau coup !
Les éditorialistes dissertent sur la dissolution et ses conséquences en privilégiant le jeu des partis et des leaders de ces derniers. Et en imaginant leurs conséquences sur la vie politique de demain.
Nous prendrons la question en partant d’E. Macron. On se gardera bien de s’interroger sur ce qu’il y a dans le cerveau d’E. Macron. Ce qui relève probablement de spécialistes des sciences humaines, psychologiques, médicales, sociologiques. Mais quand on prend une décision (ici la dissolution de l’Assemblée nationale), on évalue nécessairement les conséquences sur soi de cette dernière. D’où notre démarche.
Si l’on s’en tient aux conditions de l’ascension politique de E. Macron, les faits enseignent qu’il a été choisi (et aidé notamment par leurs médias) par des membres de cercles économiques et financiers et de réseaux favorables aux intérêts américains. Lesquels ont nécessairement pensé qu’une fois devenu président de la République avec leur soutien actif, - que ce dernier a su provoquer (par la force des choses d’ailleurs) (1) - , E. Macron leur apporterait des satisfactions. Sans quoi ils ne l’auraient évidemment pas fait.
Et voilà, si l’on s’en tient aux faits, perceptibles par chacun, dont par E. Macron en premier lieu, que le résultat des élections pour les « élections européennes » constitue une sorte de condamnation de l’individu et de la politique menée par lui. Donc un signe de faiblesse personnelle. Que la démission du gouvernement aurait été incapable d’endosser et d’effacer.
Tout être humain pense nécessairement (et légitimement) à lui et à son avenir. Et, pour E. Macron, passés les trois ans « qui lui restent à faire », en continuant à être contesté à l’intérieur, et à être parfois moqué à l’extérieur, ne peut logiquement pas alimenter le cas échéant un bon acte de candidature à un bon job à la sortie de l’Elysée.
Evidemment, E. Macron, prenant acte du désaveu matérialisé par les résultats du 9 juin, aurait pu démissionner. En estimant qu’il ne pouvait plus représenter légitimement le peuple français. Mais, comme il vient d’être dit, et si les faits ont une signification, ce n’est pas la question.
D’où la dissolution.
https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/dissolution-un-beau-coup
3 commentaires -
La durée de possession des véhicules thermiques seraient 3 fois plus importantes que ceux électriques selon une étude américaine.
La société new yorkaise spécialisée dans l'information et l'analyse financière S&P Global a publié sur son site une étude exprimant la durée de possession des véhicules selon leur typologie aux États-Unis. Cette étude a permis de laisser apparaître de flagrantes disparités entre les véhicules thermiques et les véhicules électriques. De quoi questionner les réelles motivations écologiques de ces derniers.
Selon la moyenne faite pour chaque type de véhicule, les américains tendraient à conserver leur véhicule thermique pendant 12,5 ans, tandis que les véhicules électriques ne connaissent qu’une moyenne de 3,6 ans. De quoi surprendre sur ce tel fossé.
Tandis que plus de 284 millions de véhicules sont en circulation aux États-Unis, l’étude affirme que les Américains vont de plus en plus tendre à l’extension de la durée de vie des véhicules, notamment en raison de la limitation des ventes de voitures neuves thermiques au profit des électriques. Alors, un goulot d’étranglement se produit et les Américains préfèrent conserver leur voiture thermique le plus longtemps possible plutôt que d’opter pour la version électrique, plus onéreuse.
Cet âge moyen avait été déjà particulièrement impacté en 2022, en raison des contraintes d'approvisionnement ainsi qu’une demande en baisse. Ceci a provoqué une chute de 8% des ventes pour les véhicules de particuliers ainsi que les flottes de véhicules légers neufs. Il s’agit du niveau le plus bas atteint en plus de dix ans, représentant 13,9 millions de véhicules vendus contre 14,6 millions en 2021.
Les acheteurs de voitures électriques joueraient eux aussi un rôle dans les chiffres des voitures thermiques. En effet, afin de garantir la sécurité d’un second moyen de locomotion, les propriétaires d’électriques conservent malgré tout un second moyen de transport avec le modèle thermique. Bien que moins fréquemment utilisé, celui-ci permet d’assurer une tranquillité de voyage en cas de longs trajets.
Les acquéreurs de voitures électriques représentent par ailleurs une classe aisée. En effet, acquérir un tel véhicule coûte en règle générale plus de 40.000 dollars dans le neuf. De quoi faire réfléchir à la dépense pour les autres classes sociales. Parce qu’il s’agit de personnes aisées, le cycle de remplacement des véhicules électriques tend quant à lui aux alentours de 3,6 ans.
Les mesures américaines pour contraindre à l’achat de véhicules électriques démontrent par ces chiffres largement distincts quel impact peu vertueux cela peut avoir sur le renouvellement des véhicules. En effet, contraindre à l’achat électrique pour qu’en contrepartie les véhicules soient régulièrement renouvelés n’apparaît pas comme une mesure si écologique que cela.
Alors que les critiques s’élèvent sur les procédés de fabrication et les promesses de recyclage des véhicules électriques, la question de la pérennité serait elle aussi à prendre en compte dans ces calculs qui se veulent vertueux.
3 commentaires -
l y a quelques jours, après les actes de vandalisme commis sur le mur des Justes, j’ai lu sur X un post de Claude Askolovitch ainsi rédigé : « Les abrutis qui souillent le mur des Justes doivent jouir du bruit que l'on fait d'eux. Cessez de poster la photo de leur forfait. Twittez les visages des justes, le pasteur Trocmé, le commissaire Philippe, le docteur Hautval, et racontez leurs vies. »
Dont acte. Parmi ces histoires, j’ai choisi celle de Marie Massonnat, une paysanne qualifiée par sa protégée « de femme simple mais dotée d’une intelligence instinctive. Et surtout d’un grand cœur ».
Vous en trouverez bien d’autres sur le site de l’Institut international pour la mémoire de la Shoah.
Fin 1941, Marie Massonnat, fermière savoyarde de Montcel, est une veuve qui élève seule ses trois enfants. Contactée par des membres de la branche juive de la « Main d’œuvre immigrée », elle accepte de recueillir la petite Berthe Elzon, une fillette juive alors âgée de neuf ans.
L’homme qui amène l’enfant dans la ferme de Marie remet à cette dernière un faux certificat de baptême au nom de Berthe. Le père de la petite a pris la précaution demander le document à un curé d’un village voisin qui a accepté.
Marie connait l’identité de Berthe, née de parents juifs d’origine polonaise, mais la tait. Elle cache la judaïté de sa protégée à tous, y compris à ses propres enfants.
Elle scolarise Berthe et la fait assister aux messes dominicales. La fillette apprend les prières catholiques.
Marie entoure la petite fille de tendresse, et la chérit comme de ses propres enfants. Berthe est rapidement considérée par tous comme un membre de la famille.
En 1943, la Savoie, occupée par les italiens depuis 1942, passe sous occupation allemande. De nombreuses personnes sont arrêtées par la Gestapo et le département est passé au peigne fin pour traquer les juifs qui y sont réfugiés. Certains d’entre eux sont d’ailleurs arrêtés dans le village de Montcel, et déportés.
Marie connait les risques qu’elle court. Elle n’en continue pas moins à protéger Berthe et à la choyer.
En 1944, elle héberge même la mère de l’enfant, Sabrina Elzon, venue visiter sa fille pour quelques jours.
La ferme de Marie a pour nom la Maison Mayan. Alors, quand les allemands se lancent à la recherche de Marcel Mayan, un déserteur du STO (Service du travail obligatoire), ils débarquent dans la cour de la ferme.
Marie et la mère de Berthe sont dans la cuisine. La fermière se précipite dehors pour dissuader les militaires d’entrer, et leur explique qu’ils font erreur. Elle a bien un fils nommé Marcel, mais comme elle est veuve, il est soutien de famille et a été exempté de STO.
Elle réussit à convaincre les allemands, qui repartent sans avoir vu Berthe et Sabrina Elzon.
Berthe ne quittera la Maison Mayan qu’en septembre 1944, après la libération de Lyon.
Elle partira en Israël quelques années plus tard, mais restera toujours en contact avec Marie et sa famille. Les liens d’amitié unissant les familles Massonnat et Elzon, perdureront à travers leurs enfants et les petits-enfants.
Marie Massonnat, décédée dans les années 70, recevra le titre de Juste parmi les Nations, à titre posthume en 1997.
3 commentaires -
Le Rehoming ou le marché de l'enfant de seconde main aux Etats-Unis.
Des candidats à la parentalité adoptent des enfants, et parfois le regrettent. Alors, ils rendent l’enfant aux services sociaux ou font appel à des agences afin qu’il soit reproposé à l’adoption. Ça s’appelle le Rehoming, et rien ne l’interdit aux États-Unis. Dans certains cas, les parents adoptifs déçus se chargent eux-mêmes de trouver de nouveaux adoptants qui ne font alors pas l’objet d’un contrôle des services sociaux. C’est interdit, mais on trouve quand même de nombreux groupes qui proposent des enfants à adopter sur internet et notamment sur Facebook.
Le Rehoming a été découvert du grand public en 2013, suite à une dépêche de l’agence de presse Reuters qui révélait cette pratique aux États-Unis. S’en étaient suivis de nombreux articles racontant des histoires terribles d’enfants abandonnés une seconde fois voire plusieurs fois, et confiés à nouveau aux services sociaux, ou parfois revendus sur internet à de nouvelles familles. La révélation a fait grand bruit, à l’échelle internationale, puis le soufflet médiatique est retombé et… le Rehoming continue d’être pratiqué. Quelques 25 000 enfants sont ainsi abandonnés par leur famille adoptive aux États-Unis tous les ans.
Des parents adoptifs déçus
Les enfants victimes de cette pratique ont, pour la majorité d’entre eux, fait l’objet d’une première adoption à l’international, mais cela arrive aussi dans le cadre d’adoptions nationales.
D’après l’agence caritative « Adoptions from the heart » les raisons invoquées par les adoptants, pour abandonner l’objet d’un désir qui leur a pourtant coûté fort cher, sont des troubles du comportement de l’enfant qu’ils n’étaient pas préparés à gérer. Ils dénoncent d’ailleurs souvent un manque de soutien des autorités compétentes dans l’éducation de leur progéniture toute neuve.
En effet, ces enfants donnés à l’adoption ont souvent un passé difficile et même les bébés peuvent être issus de milieux sociaux très défavorisés ou problématiques et souffrir par exemple d’un syndrome d’alcoolisme fœtale. Les autres causes d’abandon mises en avant par les adoptants sont des troubles de l’attachement réactionnel, un syndrome post-traumatique ou un Trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), toutes pathologies qui font que l’éducation du petit n’est pas un long fleuve tranquille et que le rêve d’une relation parents/enfant idyllique et de famille parfaite en prend un vieux coup.
Mais il arrive aussi tout simplement que les parents adoptifs soient déçus par leur expérience de la parentalité et affirment ne pas arriver à s’attacher à l’enfant.
Le marché de l’enfant d’occasion.
Des agences se sont donc spécialisées dans la récupération et la revente de ces enfants rejetés par leur famille adoptive. Ainsi, l’agence Wasatch International Adoption propose-t-elle un programme « second chance ».
Cette agence se défend de pratiquer le Rehoming dans la mesure où elle suit « une procédure légale soigneusement réglementée en suivant toutes les lois de l'État dans lequel l'enfant vit et toutes les lois de l'État dans lequel vit la nouvelle famille adoptive ». Mais enfin, il s’agit quand même d’un business consistant à retrouver un nouveau foyer à des enfants abandonnés par une précédente famille adoptive. Il serait plus juste de dire qu’il s’agit de Rehoming respectant la loi.
L’agence facture 2 400 dollars aux adoptants désirant se débarrasser de l’enfant devenu indésirable et 4 000 dollars pour le programme aux familles souhaitant adopter plus 500 dollars pour la démarche. Il est à noter qu’adopter un enfant en « seconde main » coûte beaucoup moins cher qu’une adoption internationale dont les frais à engager avoisinent les 20 000 dollars.
Petites annonces sur internet.
Mais certains déçus de l’adoption trouvent les procédures légales pour remettre l’enfant sur le marché de l’adoption trop longues ou onéreuses. Ou ils veulent rentrer dans leurs frais et revendre l’enfant. Or, officiellement, obtenir un enfant via une vente est interdite aux États-Unis depuis une loi de 2012 entrée en vigueur en 2014.
Alors, ces familles cherchent des repreneurs de gamins par leurs propres moyens, en utilisant notamment internet. C’est interdit mais la loi est très mal appliquée et les risques de sanction sont faibles.
C’est ainsi que l’on trouve sur Facebook des groupes ou pages nommés « Real baby for adoption and Rehoming » (« Vrai bébé pour adoption et Rehoming » - NDLR) ou « Free babies available for adoption » (« Bébés gratuits disponibles pour l’adoption » - NDLR) ou plus simplement « Adoption center ». On y trouve des photos de bébés à céder, souvent accompagnées d’un texte vantant leur qualité, et des annonces de demandes du style « cherche bébé de 6 semaines à adopter » ou « cherche petite file à adopter ». Quand un internaute se dit intéressé par une offre, il est invité à contacter l’annonceur en message privé.
Un gros problème est que les futurs adoptants ou ré-adoptants ne font pas l’objet des contrôles mis en place dans le cadre des adoptions suivant les procédures légales. Cette pratique fait la part belle aux prédateurs sexuels et à des traites en tout genre.
Pourtant, vu le nombre d’annonces que l’on trouve rapidement, sur des groupes en accès libre, on peut penser que ni les autorités, ni les modérateurs des réseaux sociaux ne sont très préoccupés par ces pratiques illégales.
3 commentaires -
Lors du Conseil Transports, télécommunications et énergie, les États membres sont finalement parvenus à un accord politique concernant l’achèvement du marché intérieur des services postaux. Le texte approuvé par les ministres prévoit l’ouverture complète du marché des services postaux d’ici le 31 décembre 2010 au plus tard.
La libéralisation du service postal est un processus entamé depuis 1997.
La libéralisation des services postaux vise à mettre en place un marché intérieur des services postaux en ouvrant ce secteur à la concurrence. Depuis 1997, une directive européenne limite la portée du monopole des opérateurs nationaux traditionnels tels que La Poste en France.
La Commission escompte de cette libéralisation des gains pour les usagers européens en termes de baisse des tarifs, de qualité et de diversification des services proposés.
Au final ce sont 6 milliards qui ont profité aux concurrents de la Poste.
DANS DIX ANS, LA PREMIERE ACTIVITE DES FACTEURS SERA LA LIVRAISON DE REPAS:
Confrontée à la baisse drastique du courrier, La Poste se réinvente et estime que dans dix ans, «la première activité des 65 000 facteurs» sera la livraison de repas à domicile, une activité de diversification sur laquelle elle se positionne en force, avec le colis.
«Nos missions de service public, nous les tenons» mais «elles sont sous tension» : Philippe Wahl, le PDG de La Poste, interrogé mercredi par des sénateurs, a redonné quelques chiffres percutants pour dire la réalité du marché de la lettre. En 1990, «70% du chiffre d’affaires de La Poste» était porté par le courrier, un taux qui tombera «à 15% à la fin de l’année» 2024, a-t-il rappelé aux parlementaires de la commission des finances.
Une baisse considérable du courrier depuis dix ans qui a provoqué un trou de plus de 6 milliards d’euros dans le chiffre d’affaires de La Poste, soit «l’équivalent (de celui) de la RATP ou de Dassault Systèmes», a comparé Philippe Wahl.
Ce changement d’habitude des Français a poussé le groupe à transformer son modèle pour devenir moins dépendant de son activité courrier. L’enjeu, c’est que les 65 000 facteurs de La Poste «restent au service du pays, même quand il n’y aura plus de lettres», a encore détaillé Philippe Wahl mercredi.
PREMIERE SUR LES COLIS ET LES REPAS:
Un «pari stratégique» que La Poste «est en train de gagner avec (la livraison) de colis et de repas», a rassuré Philippe Wahl. Aujourd’hui, l’activité colis «ne compense pas la lettre», mais Colissimo, Chronopost et DPD sont «de loin» les plus importants acteurs du marché en France, permettant à La Poste de prendre 67% de parts du marché domestique de la livraison de paquets.
Outre le colis, La Poste se positionne en force sur le marché de la livraison de repas à domicile, un secteur porteur avec le vieillissement de la population, et qui permet aussi à La Poste de proposer un service de proximité. En 2035, projette Philippe Wahl, «je pense qu’en France, (la livraison de) repas sera la première activité des facteurs».
Essentiellement tourné vers les séniors, ce service s’opère via un partenariat avec les centres communaux d’action sociale (CCAS), les hôpitaux ou encore des restaurateurs spécialisés. La Poste livre aujourd’hui «plus de 15 000 repas par jour» pour un marché de 150 000 repas quotidiens, ce qui en fait «le premier opérateur», a affirmé Philippe Wahl. En 2023, elle en a livré 5 millions et entend doubler ce chiffre en 2024.
MOINS DE 5 PERSONNES PAR JOUR:
Le PDG a été longuement interrogé par les parlementaires sur les fermetures des bureaux de poste, au nombre de 7000 actuellement et de moins en moins fréquentés. «On est en concertation» avec les élus locaux sur cette question, a insisté Philippe Wahl, rappelant qu’un contrat liait La Poste à l’Association des maires de France. «Nous n’avons pas le droit de transformer un bureau de poste dans un QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville, ndlr) si le maire n’est pas d’accord», a-t-il souligné.
Pour illustrer la baisse de fréquentation des points de contact de La Poste, Philippe Wahl a pris l’exemple des agences postales communales : «Dans 40% des cas de nos agences postales communales – notamment rurales – il y a moins de 5 personnes par jour». Ce chiffre est toutefois à nuancer, en le rapportant au nombre d’heures d’ouverture par jour de ces agences.
Sur la question de la proximité toujours, «on va lancer» les «camions jaunes», des bureaux itinérants multiservices en mode rural, a encore promis Philippe Wahl. Ces derniers devraient prendre la route fin avril, a précisé La Poste à l’AFP.
Enfin, Philippe Wahl a rappelé que la Poste se portera candidate à sa propre succession «d’opérateur postal». Le service universel postal – les prestations de base, dont la levée et la distribution six jours sur sept – a été confié à La Poste, mais son mandat s’achève fin 2025.
source : Geopolintel
https://reseauinternational.net/leurope-a-tue-la-poste/
2 commentaires -
Une nouvelle taxe dans le monde du livre : les livres d’occasion dans le radar du président.
Dans un monde où l’accent est pris de privilégier l’accès à la culture pour tous, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce avec aplomb au Festival du Livre de Paris, le 12 avril, qu’il serait pertinent de taxer les livres d’occasion. Moyen d'accéder à la lecture à prix réduit et levier écologique du livre, une taxe de 3% sur ces ouvrages arrive comme un cheveu sur la soupe.
Tandis que différentes initiatives pour inciter à la lecture voient le jour - nous pouvons aborder le Quart d’heure lecture- et que quelques heures avant cette annonce, un appel est fait à « relancer très fortement l'initiative pour la lecture » dans l’objectif de devenir un « rituel quotidien pour les jeunes », le chef de l’Etat coupe l’herbe sous le pied à toute tentative de payer moins cher. Les livres d’occasion auraient vocation, selon ce dernier, à souffrir d’une taxation de 3%.
Une manne dont profitaient pourtant de nombreux étudiants, pour ne mentionner qu’eux, afin d'acquérir des livres à moindre coût lorsque les moyens sont limités. Ce marché représente 350 millions d’euros à l’année en France, avec une croissance de 30% ces cinq dernières années. Une augmentation qui ne pouvait qu’alerter le gouvernement sur de possibles bénéfices à tirer de cette économie circulaire. Cette demande serait une requête du Syndicat national de l’édition (SNE). Son annonce surprend cependant : pourquoi celle-ci est faite par l’entremise du président Emmanuel Macron, et non de sa ministre de la Culture ?
Le président affirme sa décision ainsi. « On va mettre en place au moins une contribution qui puisse permettre de protéger le prix unique et permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d’être mieux aidés ».
Les voix s’élèvent, comme avec le sociologue Vincent Chabault, qui affirme que cette taxe ne permettrait pas l’effet escompté. En effet, son impact « serait quasi nul, du moins la taxe ne réorienterait pas les comportements d'achat vers le marché du neuf. »
Si cela ne réoriente pas vers le neuf, ce que le président affirme là, et qui reste tout de même une idée curieuse au jour où l’on pousse a contrario à une consommation raisonnée, alors quel intérêt si ce n’est récupérer de l’argent là où l’on peut ponctionner ?
Du côté des libraires aussi, la mesure interroge. N’oublions pas que ces derniers se sont adaptés à ce marché en intégrant pour beaucoup l’occasion dans leur boutique ou sur leur site internet. Abraxas-Libris confie que « Nous sommes déjà écrasés par les taxes, une de plus, ça fait beaucoup. »
Se renouveler dans le marché du livre et en vivre serait une voie sans issue, des taxes venant continuellement se superposer : le résultat de tâtonnements politiques dans l’espoir de conserver cette exception culturelle.
Encore une décision soudaine où tout un chacun se prépare aux nouvelles adaptations que cela présuppose, en essayant de tirer son épingle du jeu pour ne pas subir les pots cassés.
1 commentaire